L'auto-critique de Tonton Hô, 1ère

Alors pour la première partie de ce bilan, on va commencer par du lourd, du sévère si j'ose dire. Le genre de propos qui me vaudrait, en face de certaines personnes, une jolie mise sur liste noire, et un aller simple pour la France avec interdiction de retour au pays... donc on va caser ca, bien évidemment dans la catégorie...


Jusque là j'ai été tendre avec le gouvernement Vietnamien. Constatant leur incompétence avec un sourire ironique matiné du regard condescendant de l'occidental moyen (oui je me juge durement aussi).

Il se donne un bel air le communisme vietnamien, s'accomodant sans soucis du regard inquiet des pays (dis) développés, et se foutant un peu royalement de l'apolitisation croissante de ses camarades.
Oui, jusque là j'avais été un peu tendre. Me disant que dans le fond, si ils se foutaient de tout le monde que tout le monde se foutait d'eux et que tout ca semblait marcher, et bien, c'est pas moi, petit con d'occidental impérialisé à mort qui allais pouvoir leur donner des lecons (désolé, j'ai pas de cédilles dans ma palette à coquillages). Mais depuis cinq mois, les bévues s'accumulent. Alors j'avoue, je me suis laissé attendrir pour rien. J'ai laissé passer sans critiquer, et même avec un peu d'amusement, des petits détails qui construisent depuis plusieurs dizaines d'années une dictature dans tout ce qu'elle peut avoir de vicieux et d'invisible.

Et la liste est longue... Deux jours après mon arrivée, c'est un passage obligé pour tous les étrangers, c'est signalisation au représentant du parti local. Le père de Tung est donc allé expliquer qu'il loge un étranger, de surcroit occidental, et affirmer probablement que je n'étais pas là pour monter une cellule de contestation visant à troubler le bienheureux peuple vietnamien dans ses certitidudes Hochiminesques. Comme à priori, je n'avais rien à me reprocher en matière de contestations (et pourtant je suis francais), je ne m'inquiète pas. Je pense que je fait bien... Ca fait sourire, on se pli au jeu, s'imaginant être par sa seule couleur de peau un danger pour la stabilité du pays (tiens ca me rappelle quelque chose...) et puis de toute facon, sa s'arrête toujours là, tant qu'on empiète pas sur le terrain miné de la politique publique.

Je regrette d'avoir souris.

Ceraines zones du pays sont encore contrôlées étroitement pour des raisons inconnues (de moi en tout cas) et sans papiers officiels (impossible à avoir) pas moyen de croiser les éthnies renfermées dans ses hauts-plateaux, souvent à quelques heures de moto d'une belle plage à touristes.

Ce gouvernement là il lance belles campagnes pour la sécurité civile (le port du casque en particulier) mais n'est pas foutu d'avoir une police correcte pour ordonner le bordel qu'est devenu la circulation vietnamienne. Là à nouveau c'est léger.

On continue par une autre truc léger. Il y a encore quelques mois, un agitateur qui a eu le tord de vouloir critiquer le système de parti unique à était jeté en prison. Jusqu'au master, et quelle que soit la matière, vous avez droit à la politique communiste comme matière imposée. Parmi toutes les choses qui sont reprochées au gouvernement, la corruption est la première. Chaque participation à une élection est obligatoire. Bien vu ! étant donné que la plupart des candidats ont tous le même programme et sont des inconnus complets au sein de la population (et ils le resteront)...

Pendant que je vois une femme trimballer un bébé qu'elle a peut être loué (non je déconne pas...) demander des sous "pour manger", ou que je vois un gamin crever de faim au milieu d'un marché, je sais pertinemment qu'un vieux cadre du parti passe sa semaine sur un paquebot de luxe entourée de jeunes filles payées à tout endurer, le tout offert gracieusement par Intel pour qu'il leur foute la paix avec la manière dont ils vont investir leurs milliards de dollars...

Au Vietnam, y a encore des magazins où l'ont affiche bien en évidence à l'entrée les photos des voleurs, avec leur nom et la date de leur méfait.

Au Vietnam, on est encore emprisonné pour une chanson.

Au Vietnam, on censure encore l'art.

Au Vietnam, on est communiste... Ah non, ca c'est pas vrai. Au vietnam, on n'est pas communiste, tout sauf communiste ! Au Vietnam, on a oublié qu'un gouvernement c'était les humains d'abord, on a oublié le rêve d'un monde meilleur pour céder à celui d'un monde d'argent.

Benjamin Franklin à dit :

Quiconque sacrifie sa liberté pour plus de sécurité ne mérite ni l'un ni l'autre, et n'aura aucun des deux.

Ca fait du bien quand ca sort...