mercredi 12 mars 2008

Saigon...


Boudiou ! Le Tampax vite !

Voilà 11 mois que je hère dans cette infernale chaudière qu'est devenu Saigon pour la saison sèche (remarque, il fait aussi chaud pendant la saison des pluies...).
J'ai des tas d'histoires à raconter sur cette ville. Beaucoup de choses drôles, certaines agaçantes... Une vraie ville avec des vrais gens (c'est ce qui se dit). Cette Saigon insupportable et adorable (jamais une ville n'aura autant mérité son genre féminin...)


Cette Saigon donc, qui de petit village aux maisons tressées de bambou est devenu la "Paris Orientale". Cette Saigon là qui a assisté bien malgré elle à la chute d'une liberté, et en est revenue en troublant mirage du bout du monde, baigné des illusions d'une étrange époque où l'argent s'échange contre de l'argent...
C'est là que "cette" Saigon est devenue "ma" Saigon. Pas un "ma" égoïste, attention ! Non, c'est un "ma" partageur, un "ma" de poète à deux euros cinquante (soit 50 000 dongs) qui pense que des souvenirs ont valeur de titre de propriété...
Ma Saigon elle en vaut bien une autre, elle est pétrie de sentiments humains, de beaucoup d'images et de promesses. Paris ne me promettait plus rien, un peu comme une vieille femme qu'on connaît trop bien, celle qu'on trompe deux ou trois fois par semaine prétextant une réunion qui finit tard... Je m'égare...
Ma Saigon donc, elle me surprend tout le temps, me fait des petits cadeaux, me chouchoute, me tient chaud au cœur et à l'âme, et, quand épuisé par sa passion, je m'allonge dans ses bras pour la nuit, je me demande si, au réveil, ma Saigon sera toujours la même...

Oui, c'est une ville d'homme. L'homme avec un petit h. Le petit h des faiblesses, celui qu'on aime cacher au femmes par honte et fierté. Des hommes on en croise tant ! Les heureux, rejoignant insouciant leur jolie masseuse, et ceux qui se sont fait trompé. Ceux que ma Saigon a abusé.

C'est homme là je les vois clairement, le regard perdu, la démarche hésitante, le visage émacié, l'air de s'excuser d'être en vie... Ces âmes perdue y croyait pourtant si fort. Fixant la pétillante lumière de la légende, ils sont arrivé le cœur plein de tout les possibles, eux aussi abandonnant une vieille femme, quelque part, qui ne les pleurera pas tant que ça. Puis petit à petit, ils deviennent comme ses enfants amenés au large par un courant trop fort. Ils nagent, se débattent mais c'est déjà trop tard. Alors certains font la planche, se disent que si c'est le courant qui les a pris, c'est le courant qui les ramènera. Certains se font sauver, reparte sur la terre ferme, pour ne plus jamais revenir. Certains autres meurent, sans l'accepter. Après tout, est-ce qu'un enfant sait ce que c'est que mourir ?

Avec ma Saigon, c'est quitte ou double. Et la mise de départ c'est tout simplement son "je".

Je dois quand même avoué que je me suis lancé dans l'aventure sans vraiment en connaître le prix. J'ai signé à l'aveuglette, me disant qu'un peu de challenge pouvait pas faire de mal. Seulement maintenant, je réalise l'ampleur de la chose. Et je peux pas m'empêcher de frissonner un peu. Je sais maintenant qui je ne suis pas. Je ne suis pas ces hommes perdus, je ne suis pas ces enfants qui surnagent en espérant que tout redeviendra pareil, je ne suis pas eux... Et au final, savoir qui l'on n'est pas, c'est un peu savoir qui l'on est, non ?


Chaque jour donc, je m'apprend, je me lis dans le regard des autres, dans leur envies vaines et leur courses effréné vers leur propre infini (hein, Lambert !).
Certains soir, dans le dernier bar ouvert de la ville, celui qu'on appelle un bar du bout du monde, vous le connaissez tous ce bar où finissent les épaves échouées d'une nuit trop longue. Et bien dans ce bar là je souris. Je regarde ces ombres, me fait un peu peur je me dit que je pourrais être eux, que la frontière n'est pas si mince...

Puis je me rappelle que j'ai douze ans, que je suis confortablement allongé sur le canapé familiale, et que quand j'aurais refermé le "Chair de Poule" numéro 34, les ombres auront disparu...

:-)

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